Oui, je ne suis qu'une petite joueuse
celle qui voudrait mais que ne peut
celle qui en a besoin
mais celle que la vie a déjà dévorée
petite joueuse dans une cour de grands
ceux qui ont osés et qui peuvent
ceux dont le besoin est assouvi
mais ceux qui ne voient pas les cris silencieux de ceux qui voudraient jouer avec eux dans la cour des grands
petite joueuse seule dans son lit
pleurant , étouffant son désir manuel
brûlant son bourgeon qui pleure sa douleur
de ne connaître si peu les doigts de l'autre
celui qui devrait  si fort la serrer et lui éviter la peur
petite joueuse je suis encore
mais mes pétales se défroissent à l'arrivée du printemps
pourrais-je enfin jouer avec les grands?

À chaque printemps
Ils reviennent
Pour célébrer
Le retour de la vie.

J'en ai rêvé
L'autre nuit

La terre avait été préparée
Et à la nuit tombée
Je fus conduite
Vêtue d'une simple tunique blanche

Au pied du dolmen
Sous le grand chêne
Devant le champ
Fraîchement labouré.

Doucement
Les feux se sont allumés
Les prêtresses
Me mirent ma couronne de genévrier

Offrande au grand cornu
J'attendis sa venue
De l'autre bout du champ
Portée par le petit peuple

Je le vis.

Le rituel commença
Course dans les bois
Nymphes, satyres,
Humains, elfes, fées
Prêtres et Prêtresses
Du renouveau
De la vie
Et
Dans un rut  bestial
Et animal
Chacun a sa façon
Ensemença la vie

En cette nuit de Belthane
La douce mélodie
Des cris de passion, de plaisir, de soupir
Vibrent, se propagent

C'est dans ce tourbillon d'émotion
Que l'incarnation du grand cornu
Me trouva
Moi
Prêtresse
Soumise

Il me laboura
M'ensemença
Porté par les chants
Les vibrations
La folie et la magie de cette nuit.

Quand deux êtres
Ne font plus qu'un
pour que Un
Devienne deux.